Les actions de R&D

Améliorer les techniques de production

Plusieurs thématiques intégrées à des essais systèmes

Les biostimulants, une méthode préventive

Les biostimulants sont des produits stimulant les processus naturels au sein du noyer. Majoritairement bio et avec des composants variables (algues, acides aminés, extraits de plantes, etc..), ils permettent la bonne absorption et l’efficience des nutriments mais aussi une meilleure tolérance aux stress (vent, froid, gel, ect…) et une amélioration de la qualité des vergers.
L’objectif ici réside dans l’amélioration et l’optimisation de l’état sanitaire des noyers. De nombreuses conséquences en découlent : prévention des maladies fongiques, réduction du stress, ect. Indirectement, cela permet la réduction de l’usage de produits phytosanitaires et donc des économies non négligeables pour les producteurs tout en augmentant la qualité et la quantité des produits de récolte.

Pour cela, des itinéraires techniques inspirés des pratiques culturales chiliennes ont été créés afin d’améliorer notre productivité et nos marges sur la production de noix. Ces protocoles à base de biostimulants ont été adaptés aux contraintes rencontrées dans notre bassin de production (climat, réglementation, coûts de main d’œuvre et d’intrants, etc,…). Pour pouvoir valider ces itinéraires techniques, leur efficacité est mesurée en conditions réelles chez les producteurs. Un travail de comparaison des parcelles se fait grâce à des indicateurs tels que les concentrations des éléments nutritifs dans les feuilles, le nombre de noix tombées en cours de saison, les poids de récolte, les calibres, les taux de déchets, etc…

Engrais foliaire et fertirrigation

En se basant sur des méthodes déjà utilisées au Chili et aux États-Unis, de nouvelles méthodes de fertilisation inédites et adaptées aux vergers français sont testées. C’est le cas avec la fertirrigation : la fertilisation est faite via les systèmes d’irrigation. Ces nouveautés sont possibles par la connaissance des besoins de l’arbre. Pour ce faire, des analyses de feuilles sont réalisées. La fertilisation est adaptée aux besoins réels de l’arbre. Les producteurs sont donc amenés à utiliser moins de produits fertilisants, un plus pour l’environnement et des économies supplémentaires pour les producteurs.

Accompagnement de la formation des jeunes vergers

Pour assurer un renouvellement pérenne et cohérent des vergers, les producteurs du groupe utilise un nouveau système de taille de formation et de conduite dans leurs jeunes vergers de la 1ère à la 4ème feuille. Pour cela, un suivi de fertilisation est réalisé avec utilisation de la fertirrigation quand cela est possible. L’utilisation de biostimulants est généralisée. Le protocole est mis en place en fonction du système de production pour assurer sa cohérence.
Ce travail a été réalisé en 2018 en collaboration avec Jean-Paul Joublan (spécialiste nucicole chilien). Depuis, les producteurs adaptent leurs pratiques aux spécificités françaises.

Retardateurs de débourrement

En s’inspirant de méthodes appliquées au Chili et aux Etats-Unis, la mise en œuvre d’un retardateur de débourrement a été testé. Il s’agit de l’application de « peintures blanches » sur les arbres, permettant de réduire la température de l’arbre.
Le but de cette action est principalement d’éviter les dégâts des gelées printanières en retardant l’arrivée des fleurs, particulièrement sensibles au gel. La protection des fleurs est une assurance pour la récolte puisque sans fleurs, il n’y a pas de fruits.
Entre 2018 et 2020, cet essai a été mené chaque année. Le protocole d’application est perfectionné en fonction des résultats observés au champ.

 

Ci-contre : Application de 2 types de «  peintures blanches » en Février 2019
Crédit photo : Lydie Leymarie Lachaud, Comité Interprofessionnel des Fruits à coque du Lot

pH et Redox : vers un indicateur systémique de l’état de santé de la plante

Le pH et le redox sont deux paramètres physico-chimiques interdépendants reflétant la nature et l’intensité d’échanges chimiques lors de phénomènes physiologiques. Le pH permet de quantifier les flux de protons. Le redox permet de quantifier les flux d’électrons impliqués dans les mécanismes d’oxydo-réduction. Si le pH est considéré comme la variable maîtresse en pédologie et en physiologie végétale, le potentiel redox constitue une variable tout aussi importante mais peu connue et difficile à mesurer. En effet, ce potentiel dépend de nombreux facteurs difficiles à maîtriser ou à quantifier. Sa mesure nécessite également un matériel spécifique : l’équivalent d’un voltmètre qui mesure les différences de potentiel électrique entre 2 électrodes, une de référence et l’autre pour le substrat à évaluer.

Les valeurs de pH et de redox semblent pouvoir, à l’image de la bioélectronique Vincent en médecine développée dans les années 50, refléter l’état de santé des organismes végétaux. Ils permettent d’évaluer l’intensité de l’activité photosynthétique mais aussi l’activité physiologique de manière générale. Selon le niveau d’acidification et d’oxydation de ceux-ci, la théorie veut que l’on puisse expliquer la présence ou non de maladies fongiques, bactériennes ou virales mais aussi celle de ravageurs. On peut également théoriquement évaluer des situations de carences nutritionnels à l’origine de dérèglements physiologiques. (d’après les travaux d’Olivier HUSSON)

La recherche biologique et agronomique se tourne petit à petit vers cette thématique, autrefois fortement décriée. La difficulté d’obtention de résultats analysables et de compréhension de ces phénomènes a été un frein majeur. « La Noix de Demain » y a tout de même vu un potentiel pour améliorer la prévention de problèmes sanitaires au sein des verges. L’objectif devient donc rapidement de développer un indicateur de l’état de santé du noyer par la mesure du pH et du redox des feuilles, et de voir quel est l’impact des pratiques culturales sur ces indicateurs.
Le groupe a investi dans le matériel nécessaire, l’animatrice du groupe a suivi des formations (en particuler avec Olivier HUSSON, chercheur au CIRAD de Montpellier et spécialiste du sujet). Les premières mesures ont été réalisées en 2018 après établissement d’un protocole en partenariat avec Olivier HUSSON. Après perfectionnement de ce protocole, une nouvelle série de mesures a été réitérée durant l’été 2019. En parallèle, sont réalisés des essais visant à étudier l’influence des biostimulants utilisés dans le cadre des essais systèmes sur le pH et le redox des plantes.
Début 2020, après de nouvelles adaptations du protocole, les mêmes essais ont été réalisés au Chili chez nos collaborateurs du laboratoire AgroAdvance. Le premier consistait en des mesures au champ de redox et de pH pour les corréler avec l’état de santé des arbres. Le deuxième a permis d’étudier l’évolution du redox et du pH de jeunes plants de noyer suite à des applications de biostimulants à base d’algues ou à base d’acides aminés. De nouvelles mesures pour ces deux même types d’expérimentation seront renouvelées dans nos vergers lotois courant de l’été 2020.


Un suivi rigoureux, des essais pour comprendre les outils et techniques

L’ensemble des outils et techniques énumérés précédemment sont nouveaux pour les producteurs nucicoles français.
Pour les étudier et les comprendre, chaque producteur de « La Noix de Demain » met à disposition une parcelle d’essai.
Un suivi rigoureux y est réalisé selon 5 points de contrôle et toujours dans le but d’agir préventivement pour optimiser la santé de l’arbre.

Prise en compte de l’équilibre sol/plante

Le protocole prend en compte les conditions de sol, les ressources humaines de l’exploitation, les conditions de travail, le type de système d’irrigation, le stock existant en engrais sur l’exploitation, la capacité du producteur à effectuer les applications et travaux prévus…. afin d’être en cohérence avec le système de production tout en permettant les essais.
Les protocoles des essais systèmes sont le fruit du partenariat entre l’animatrice du groupe « La Noix de Demain », Jean Paul Joublan (consultant chilien) et Pablo Nunez (laboratoire AgroAdvance).
Le suivi de la fertilisation est fait par monitoring via plusieurs analyses de feuilles à plusieurs stades végétatifs. Cela permet de vérifier la bonne assimilation des éléments par l’arbre et de corriger éventuellement les carences. En parallèle, ce travail de groupe permet notamment l’établissement d’une référence de groupe pour les normes de chaque élément minéral dans les feuilles.

Utilisation des biostimulants

Tous les protocoles élaborés incluent l’utilisation de produits biostimulants. En accord avec les pratiques chiliennes, les premiers biostimulants choisis sont ceux à base d’acides aminés, d’algues et d’acides humiques et fulviques.
Le choix des spécialités commerciales à tester et appliquer a été fait par l’animatrice du groupe suite à des rencontres avec de nombreux fabricants français et européens de ce type de produits. Les premiers résultats en 2018 sur les parcelles testées ont été encourageants en comparaison des parcelles témoins. Leur utilisation a donc été renouvelée en 2019 et en 2020.

Suite aux formations suivies par l’animatrice du groupe sur l’utilisation d’extraits fermentés végétaux comme biostimulants (notamment avec Eric Petiot), l’intérêt du groupe s’est tourné vers ce type de produit ainsi que vers le lactosérum. En plus d’un pouvoir biostimulant, ils sont considérés comme activateur de sol. Ils sont particulièrement intéressants pour la conduite des vergers en agriculture biologique. Ils ont été testés pour la première fois au printemps 2019 et le seront de nouveau au printemps 2020.

Travail sur la qualité des pulvérisations

Pour que les applications soient efficaces au maximum, l’application doit être homogène sur la surface de l’arbre. Le niveau de pH est aussi un paramètre essentiel, notamment quand il s’agit d’appliquer des produits phytosanitaires.

Au cours de réunions de groupe ou de suivis individuels, les producteurs ont pu évaluer à plusieurs reprises la qualité de leurs pulvérisations directement en verger à l’aide de papier aquasensible.
Les niveaux d’acidité des eaux de traitement et d’irrigations ont été testés. L’idéal pour optimiser l’absorption des produits par les arbres et leur efficacité est une eau à pH acide. La majorité des producteurs du groupe utilisaient des eaux avec un pH basique. Des produits acidifiants pour les bouillies ont été testés en 2018 pour rectifier le niveau de pH de ces eaux. Ce sont des solutions simples à mettre en œuvre qui permettent d’optimiser l’efficacité des intrants utilisés.

Suivi des essais et comptages en verger

Tous les travaux des essais systèmes sont suivis par l’animatrice de « La Noix de Demain » et les stagiaires/apprentis recrutés.
Les méthodes de comptage utilisées sont issues des méthodes utilisées par nos collaborateurs chiliens lors du suivi des vergers : comptage de fleurs, comptage des pertes jusqu’à la récolte.
Ce travail de suivi, assuré par le Comité Interprofessionnel des Fruits à coque du Lot, est indispensable pour être réactif en cas d’attaque de ravageurs mais aussi pour quantifier le potentiel de chaque verger. Ainsi les pertes peuvent être évaluées, leurs causes comprises et les protocoles adaptés l’année suivante en fonction de l’évolution phytosanitaire du verger.
Les résultats de l’année 2018, malgré des moyens humains limités, sont encourageants et montrent un léger gain production et de calibre sur les noix. Les essais renouvelés en 2019 ont vu leurs résultats de récolte analysés par la station expérimentale de Creysse.

Etude des aspects économiques

Outre l’étude des aspects techniques, les essais systèmes prennent aussi compte de l’aspect économique. L’animatrice du groupe a d’abord réalisé l’analyse des coûts de revient d’1 kg de noix. C’était le point de départ permettant de conclure à un état économique initial du groupe.
Les protocoles prennent en compte cet aspect : ils sont élaborés en calculant les coûts d’intrants et ainsi déterminer leur impact économique sur la marge brute.