Le châtaignier est un arbre spontané du Périgord. Des spores de 4 000 ans ont été retrouvées au nord-ouest de la Dordogne. Ce n’est qu’au début de l’Antiquité qu’il s’étend à l’ensemble de ce territoire. Jusqu’au VIIème siècle, il n’est qu’un arbre fruitier d’appoint. Ce n’est qu’à la fin du VIIIème siècle que les premières châtaigneraies apparaissent de par l’initiative de moines bénédictins. Au XIIIème siècle, la production commence à s’organiser suite aux tourments du Moyen-Age central et avec un accroissement démographique considérable (donc une demande alimentaire d’une nouvelle ampleur). Greffage et sélection variétale sont pratiquées pour conserver les individus aux fruits les plus nutritifs (et au bois de meilleure qualité dans une moindre mesure). L’importance accordée à cette production résidait dans le fait que la châtaigne était une des ressources alimentaires principales contre les disettes, en particulier l’hiver.
A cette époque en Périgord, les rendements en céréales sont médiocres et ces productions peu étendues. A la fin de la période médiévale, les producteurs de l’époque ont acquis assez de connaissances pour se rendre compte qu’une châtaigneraie peut produire deux à trois fois plus qu’un champ de céréale si celle-ci est bien conduite. Cette prise de conscience permet une période de prospérité des châtaigneraies qui marquera par la suite un temps d’arrêt lors des grands froids du XVIIème siècle.
A la fin du XVIIIème siècle, le ministre Anne Jacques Turgot souhaite substituer la pomme de terre à la châtaigne pour tenter d’enrailler les périodes fréquentes de disette, responsables en partie de la paupérisation des français. En Périgord, la culture de pomme de terre ne s’implante pas. Les paysans restent fidèles à la châtaigne : ils savent la préparer (accompagnée du haricot et de la farine de maïs), ils aiment son goût et ils l’estiment meilleure pour la santé que le fade tubercule que représentait la pomme de terre. De plus, sa longue durée de conservation et son rôle d’alimentation du bétail ne pouvaient qu’être appréciés. La pomme de terre ne réussira à détrôner la châtaigne qu’au XIXème siècle.
Entre temps, on sélectionne des variétés de châtaigne dont l’amande n’est pas cloisonnée. On élabore des techniques de conservation, la plus efficace étant le séchage dans des clèdiers. Les clèdiers sont de petits bâtiments sans fenêtre, partagés en deux par une claie horizontale sur laquelle les fruits frais étaient étalés. Un feu est allumé en-dessous et c’est la fumée qui dessèche les châtaignes avant de s’échapper par les ouvertures prévues à cet effet sur le toit. Cette production crée aussi des emplois, notamment durant la récolte où des saisonniers nommés costognaires étaient embauchés.
Les années où la récolte abondante dépasse les besoins locaux, les châtaignes sont exportées par voie fluviale vers le port de Liboure. Certains navires hollandais du XVIIème siècle étaient même équipé de greniers spéciaux permettant d’isoler les fruits de l’humidité de la cale. Des « brasseurs de châtaigniers » sont embauchés plus tard pour brasser les châtaignes et ainsi éviter qu’elles ne se gâtent.
Outre son fruit, le châtaignier produit aussi de l’excellent bois. Apprécié pour sa densité, sa dureté et son caractère imputrescible, on l’utilise en menuiserie (dont des tonneaux pour le vin) et en vannerie (pour le chauffage) malgré sa tendance à éclater en projetant des braises. Ce bois s’achetait donc cher et était une bonne source de revenus.
À la fin du XIXème siècle, la castanéiculture est en déclin. Alors que cette production avait déjà représenté plus de 40 % des surfaces agricoles du Périgord, le châtaignier devient plus une plante accessoire qu’une production de première nécessité et ce malgré la mise en place d’un plan de redynamisation de la filière dans les années 1990. Ce déclin s’explique :
– par l’exode rural (causé par l’arrivée du phylloxera sur les vignes, dévastant les vignobles périgourdins) entraînant ainsi une bonne partie de la main d’oeuvre nécessaire à l’entretien des châtaigneraies
– par l’expansion des plantations de pins et l’exploitation intensive des forêts, par la découverte du tanin dans le châtaignier (très recherché pour la qualité des peaux et cuirs) à l’origine d’abattages massifs
– la maladie du chancre de l’écorce dès 1956, maladie fongique arrivée d’Asie via les Etats-Unis attaquant l’écorce de l’arbre.
– la maladie de l’encre dès 1860, provoquée par un champignon parasite entraînant le pourrissement des racines
– la diversification des produits alimentaires grâce à l’amélioration des voies de communication entraînant une diversification de l’alimentation et se détournant alors de la châtaigne.
Mais des producteurs aidés des pouvoirs publics tiennent à sauver cet arbre laissé à l’abandon. Des hybrides provenant de croisement entre un châtaignier japonais et un châtaignier chinois sont créés. Ainsi, on assiste à un fort développement depuis plusieurs années de la castanéiculture avec la remise en état de vergers alliant variétés modernes et traditionnelles ou encore avec le développement de la recherche et de l’expérimentation. Les rendements et la qualité sont meilleurs qu’autrefois avec des fruits (principalement des marrons) de plus gros calibres.
La châtaigne du bassin Sud-Ouest et la qualité propre à cette production ont été reconnues en 2015 par l’obtention du Label Rouge « Marron du Périgord ». Ce sont les fruits issus de variétés Bouche de Bétizac, Marigoule et Bournette qui sont concernés. Cette appellation englobe 10 départements du grand Sud-Ouest dont le Lot, l’Aveyron et le Tarn-et-Garonne pour l’Occitanie. Une procédure de reconnaissance Indication Géographique Protégée (IGP) est en cours. Mais pour l’heure, on compte sur l’aire géographique plus de 1 000 producteurs avec 2 500 ha de vergers (dont 20 % ayant moins de 10 ans et inscrits dans une dynamique de plantation) donnant 2 500 t (en comptabilisant les productions des variétés Marigoule et Bouche de Bétizac).
Source : Irqualim
La production mondiale de châtaigne dépasse les 2,3 millions de tonnes en 2017. Les premiers producteurs mondiaux (en terme de volume) sont la Chine, la Bolivie, la Turquie, la République de Corée, l’Italie et la Grèce. La France est 11ème à ce classement et 8ème en tant que pays exportateur.
Sources : FAO Stat
En France, la production de châtaigne avoisine les 8 500 t annuelles sur environ 7 700 ha. Le marché est loin d’être saturé, la production à vocation industrielle est déficitaire si bien que la France importe à hauteur de 9 700 t/an.
Le territoire français possède 2 bassins de production en castanéiculture : le Sud-Est et le Sud-Ouest où la relance de la production a été plus importante.
Sources : FAO Stat
La châtaigne est un fruit plein d’énergie. Sa richesse en minéraux fait d’elle une alliée de choix dans l’alimentation : du potassium pour le régime des sportifs, du magnésium contre le stress et la fatigue, du calcium, du fer et plein d’oligo-éléments.
Elle apporte aussi un panel de vitamines mais tout particulièrement de la vitamine B et de la vitamine C antioxydante(jusqu’à 50 mg pour 100 g à la récolte).
Enfin avec un apport important en fibres (5 à 7g pour 100g) bénéfiques pour le microbiote intestinal et une texture dense, il nous fait rapidement atteindre la satiété. Cela s’explique par un fort taux d’amidon dit « résistant » : il est digéré lentement et incomplètement, comblant ainsi l’appétit sans entraîner de pic de glycémie.
Cela n’entraîne pas de problèmes de digestion dans la mesure où la vitamine B permet d’assimiler ce type de glucide de manière efficace.
Elle satisfera les régimes sans gluten puisqu’elle n’en contient pas : une aubaine pour les personnes intolérantes.
Sources :
Marronduperigord.com
Terrevivante.org
Lanutrition.fr
Comité des Fruits à Coque du Lot
Antenne de la Chambre d'Agriculture du Lot
Lieu dit « Pérical »
46600 Creysse
Tél. : 05 65 32 22 22
Propulsé par Kykoo