PORTRAITS DE

Producteurs

Georges DELVERT

63 ans
Producteur de noix et de châtaignes à Floirac (46)
EARL Delvert
Président du Comité du Noyer et du Châtaignier du Lot
Président de la section « Fruits et légumes » FDSEA 46
Membre du Syndicat national des producteurs de châtaignes

PARCOURS

Georges DELVERT est producteur de noix et de châtaignes à Floirac dans le Lot. Second d’une fraterie de 4 garçons, il a repris l’exploitation familiale en 1986, après avoir commencé en GAEC avec son père, Fernand, en 1975. C’était une une voie toute naturelle après une enfance sur la ferme à mettre très tôt la main à la pâte : « à la traite des vaches dès 8 ans », se souvient-il en souriant… Représentant de la 4ème génération consécutive, il a démarré avec un certificat d’études en poche et après quelques mois passés en école d’agriculture à Cahors. Il travaille aujourd’hui avec son épouse, Claudine, qui se charge principalement de la gestion et de lacomptabilité, et un employé saisonnier en renfort sur une quinzaine en période de récolte.

«Aller de l’avant»

Entre autres mandats représentatifs, Georges Delvert est président du Comité du Noyer et du Châtaignier du Lot. « Ce qui me stimule et me passionne dans la démarche du Comité, et plus particulièrement avec le projet La Noix de Demain, c’est le développement de recherches et d’expérimentations innovantes en faveur de la lutte biologique pour la protection des vergers et l’amélioration de la qualité de la production », explique-t-il. Ces dernières années, les producteurs de noix et de châtaignes ont perçu et éprouvé la nécessité de faire évoluer leurs méthodes de travail afin de péreniser leur activité. La spécialisation des exploitations dans un secteur concurrentiel, l’introduction de la mécanisation, la sécurisation et l’optimisation des productions sont autant d’enjeux qui ont guidé les actions du comité pour accompagner ses membres et les aider à valoriser les produits.
« La noix, comme la châtaigne, peut se prévaloir de l’image d’un produit très sain, de terroir (le Sud-Ouest en l’occurrence), et cultivé de façon tradtionnelle et assez naturelle ». Conserver cette vision auprès du consommateur est un des objectifs actuels phares. « Les récents phénomènes accrus de cynips du châtaignier ou de développement de la mouche du brou dans les vergers de noix ont conduit les producteurs à une prise de conscience forte : l’évidence de développer des techniques de protection naturelle des vergers pour éviter au maximum l’utilisation des produits phytosanitaires. »
Et sur le terrain les choses avancent ! « L’expérience de nos homologues chiliens, extrêmement en avance dans les techniques de bio-lutte, a été riche d’enseignements pour le groupe de producteurs et de techniciens qui s’est rendu sur place en voyage d’études à l’initative du Comité. Les expérimentations en cours qui en ont découlé ont montré des résultats rapides et très convaincants avec des procédés nouveaux que nous avons hâte de pouvoir déployer ».

L’EXPLOITATION

Aujourd’hui l’EARL Delvert compte 30 hectares de noyers, dont 28 hectares en production. Pour l’essentiel, les variétés cultivées sont la Franquette, la Fernor et la Lara. Le volume annuel moyen est de 65 tonnes pour les années classiques.
10 hectares de vergers sont consacrés à la production de châtaignes : avec 9 hectares de la variété Marigoule, variété d’origine en cours de surgreffage, et 1 hectare de Bouche de Bétizac. Au total, le volume annuel produit est de 7 tonnes.
La récolte est réalisée mécaniquement. L’EARL Delvert partage tout le matériel de production en co-propriété avec 3 autres producteurs voisins : broyeur à herbe, appareils de désherbage, vibreur, ramasseurs, chaîne de lavage, chaine de tri, séchoirs… Chacun a investi au prorata de sa surface de production et la prise en charge des frais se fait en proportion du tonnage produit. « Cette mutualisation, en bonne intelligence, permet à chacun de gérer sereinement la saison ».

Régis LAVERGNE

59 ans
Producteur de noix à Montvalent (46)
Trésorier du Comité du Noyer et du Châtaignier du Lot

PARCOURS

Régis LAVERGNE est producteur de noix à Montvalent dans la vallée de Dordogne Lotoise. Ses parents possédaient une petite exploitation de polyculture élévage (lait/tabac/noix/asperges) et « ils ne voulaient absolument pas que je devienne moi aussi paysan… » se souvient-il… J’ai donc suivi un parcours différent au départ : une fac de lettres. « À la sortie, je travaillais comme salarié à mi-temps. Et puis finalement, je me suis quand même installé en 1985 comme producteur de noix, en concervant mon activité salariée à mi-temps » explique-t-il avec malice. Il démarre sans aide particulière et poursuit seul avec l’appui de sa femme Elina qui travaille à l’extérieur et l’aide pour la récolte.

«Innover au naturel»

À la question, comment voyez-vous votre exploitation à 10 ans, Régis LAVERGNE répond sans hésitation : « Continuer la noix bien sûr ! ». En producteur convaincu, il a confiance dans les différentes possibilités encore à venir de progrès et d’innovation pour la production de la noix. C’est une des raisons pour lesquelles il fait partie du groupe de nuciculteurs initié par le Comité du Noyer et du Châtaignier du Lot, porteur du projet La Noix de Demain. Ses membres ont ainsi l’occasion de participer à des voyages d’études à l’étranger, notamment au Chili, producteur de noix majeur dans le monde, et de bénéficier des informations et des résultats des plusieurs programmes de recherches de ce pays précurseur en termes de bio développement de la production. « La taille de formation des arbres, les méthodes de fertilisation, l’irrigation, la protection des vergers contre les attaques… Des axes importants d’amélioration des récoltes. Et profiter de l’expérience de producteurs étrangers en avance est une excellente opportunité ». Ce transfert de compétences l’a déjà conduit à placer dès 2017 plusieurs hectares en expérimentation (notamment pour des essais de fertilisation). « Nous traitons peu, ou alors avec des produits « softs » (extraits d’algues, engrais foliaires), contrairement à l’idée que se font les gens, rarement et surtout le moins possible, avec toujours un souci de respect du milieu, de l’environnement et du produit : la noix doit garder tous les bénéfices d’un fruit simple, traditionnel et doté de nombreuses vertus. »

L’EXPLOITATION

Aujourd’hui, le verger représente 10 hectares de noyers travaillés et 3 hectares en céréales ou luzerne. Les variétés cultivées : la Franquette en AOC (pour moitié), complétée par les variétés plus modernes que sont la Fernor et la Lara. Le volume annuel moyen de production est de 25 tonnes pour les années classiques, qui sont vendues intégralement à la Coopérative de négoce Promonoix.
Régis LAVERGNE a fait le choix de la monoculture et de tout miser sur la noix. Sa vision : il est possible d’optimiser au maximum la production par rapport à la surface exploitée, même restreinte. « Toutes les phases qui précèdent la récolte sont importantes et améliorables : les techniques de culture de l’arbre, l’analyse des sols, l’irrigation… », précise-t-il. La majorité de l’exploitation est irriguée. Un système de suivi par sondes permet d’ajuster au mieux l’apport d’eau sur les parcelles.

Laurent PERRIER

49 ans
Producteur de noix à Saint-Michel de Bannières (46)
Exploitant agricole (entreprise personnelle)
Président de PromoNoix depuis 2013

PARCOURS

Laurent PERRIER a commencé en 1993, dans le village de son père Claude, sur une exploitation diversifiée : élevage de vaches laitières, tabac et culture légumière de plein champ (tomate, petit pois, haricot vert, fraise…). Au bout de deux ans, les difficultés de gestion de la main-d’œuvre cumulées à des contraintes horaires aux répercussions lourdes sur le volet personnel qu’il souhaite légitimement consacrer à sa vie de famille (ses filles viennent de naître) ou à ses passions (le vélo et le pilotage d’ULM), conduisent le producteur à faire un autre choix. « C’était vraiment difficile, et beaucoup trop d’astreinte en regard du résultat. Ma qualité de vie et celle de mes proches en étaient déjà affectées et encore aujourd’hui, je veux vivre, ça doit rester une priorité. Un fil conducteur : travailler oui, et gagner sa vie, mais travailler bien et pas à n’importe quel prix. Mis à part le petit cheptel de vaches allaitantes que j’ai conservé jusqu’à présent, j’ai donc décidé de tout arrêter pour développer la plantation de noyers sur un verger déjà existant et en faire mon activité principale. », se souvient-il.

«S’ouvrir au monde et savoir communiquer.»

C’est donc assez logiquement que Laurent PERRIER est allé à la rencontre d’autres producteurs et s’est impliqué activement dans la filière : en tant que président de l’organisation professionnelle PromoNoix depuis 5 ans et en participant au groupe d’étude « La noix de demain » créé par le Comité du Noyer et du Châtaignier du Lot. « C’est une bonne façon de prendre du recul, d’échanger les expériences et expérimentations. Se regrouper est aussi une manière de faire poids lorsque nous avons à négocier, notamment les conditions de rémunérations de nos récoltes. C’est aussi l’occasion de rencontrer des personnes qu’on fréquente parfois en dehors du travail… », explique-t-il « Notre métier devient de plus en plus technique, nous l’avons vu en allant à la rencontre des producteurs chiliens. Et plus les exploitations sont spécialisées, plus elles sont fragiles. Il est donc indispensable de bénéficier de techniques de conduite innovantes, transférables dans nos régions, et qui nous aident à sécuriser nos exploitations. C’est gagner du temps pour pérenniser. La noix est une production d’excellence, les producteurs sont traditionnellement très attentifs à la qualité et travaillent de manière naturellement raisonnée, et ce même en dehors des cahiers des charges du bio dont ils se rapprochent souvent », défend-il. Aujourd’hui, avec 40 hectares, Laurent PERRIER a atteint un bon équilibre de vie. « Je réfléchis même pour peut-être arrêter la partie élevage », conclut-il confiant sur les perspectives à venir.

L’EXPLOITATION

Aujourd’hui, Laurent PERRIER se consacre donc essentiellement à la culture d’une noyeraie de 40 hectares. La conduite de l’exploitation est entièrement mécanisée, hormis le tapis de tri, et un salarié travaille avec lui à l’année à temps plein. La variété dominante plantée est la Lara. « C’est une variété précoce qui demande une véritable attention, jusqu’à la récolte, mais particulièrement en période hivernale avec les risques de gel auquel elle est plus sensible », explique-t-il. En moyenne, le verger produit annuellement xxx tonnes de noix. « À une période, je pensais que la vente directe pour la commercialisation des noix ou des produits d’agriculture en général était l’avenir. À présent, je me rends compte qu’il est beaucoup plus simple et pratique de vendre en gros. Il est préférable de valoriser son temps sur le verger et de faire progresser en continu les techniques de culture, la qualité de production et de rendement du verger. »

Éric SEBAL

51 ans
Producteur de noix et de châtaignes à Montvalent (46)
Coopérative Valcausse à Souillac (46)
Président de la Section Noix de la Coopérative Valcausse

PARCOURS

Éric SEBAL s’est installé en 1984 à Montvalent dans le Lot. Issu d’une famille qui y possédait déjà quelques hectares de noyers en parallèle d’une activité de polyculture (porcs à l’engraissement, tabac, asperges…), il a démarré la nuciculture en fermage et a développé l’exploitation en poursuivant la plantation. En complément, quelques terrains supplémentaires également en fermage ont été acquis et dédiés à une petite production de céréales. Sorti à 18 ans du Lycée Agricole avec un BEP en poche, il gère seul l’exploitation. « Avec l’évolution des cours de la noix à cette époque, il n’était pas possible de se lancer à deux. Mon épouse a donc conservé jusqu’à aujourd’hui encore un emploi salarié non agricole à l’éxtérieur, ce qui est plutôt bien », explique-t-il.

«S’impliquer, progresser et informer»

En s’impliquant activement dans la coopérative et en rejoignant le Comité du Noyer et du Châtaignier du Lot, Éric SÉBAL répond à deux motivations : la première est de capter un moyen d’informer les consommateurs mais également plus localement de rassurer les riverains des producteurs. « Le message doit mieux passer quant à la qualité de notre production et face aux idées reçues : la noix est un aliment aux propriétés nutritionnelles importantes qui est élaboré de façon assez simple et traditionnel et pour lequel les producteurs prennent toutes les dispositions afin de respecter et garantir cet aspect sain et naturel : le recours au traitement est très rare et raisonné et prend autant que possible une forme alternative. Par exemple : l’implantation d’insectes auxiliaires dans le verger pour éviter le recours, même ponctuel, aux produits ».
Le second objectif est de trouver des espaces de rencontre et d’échange avec les autres producteurs du secteur. « Participer à un groupe, c’est partager de l’expérience professionnelle et ausse personnelle. On ne peut pas tout expérimenter seul, et les retours sur les différentes difficultés émergentes, les échecs, les réussites, permettent à tous de travailler mieux et d’avancer plus vite ». Et ses projets témoignent de son enthousiasme. « Les techniques de taille pour favoriser le développement, l’enherbage pour limiter la consommation d’eau… Il y a encore beaucoup de points sur lesquels nous pouvons évoluer et bien en amont de la période de récolte, et ça c’est intéressantà explorer ! »

L’EXPLOITATION

En tout, Éric SÉBAL travaille 16 hectares de noyers, dont les plus jeunes ont environ 15 ans et les plus anciens 40 à 50 ans. Essentiellement en Franquette, la noyeraie compte 3 hectares de Marbot, deux variétés typiques de la Noix du Périgord. La production annuelle varie de 30 à 35 tonnes. Pour la châtaigne (+/- 1 tonne par an), Éric SÉBAL a choisi de planter il y a 6 ans avec la Bouche de Bétizac, une variété de châtaigniers développée localement par l’INRA dans les années 60 à proximité de Brive en Corrèze. L’ensemble de la récolte est pris en charge par la Coopérative Valcausse à laquelle il appartient et dont il préside la Section Noix. La structure se charge de la revente. « 90 % sont destinés à l’export en Europe : Italie, Espagne… », précise-t-il. « Pour la conduite, l’organisation en CUMA nous a par ailleurs permis d’accéder à des équipements principalement tournés vers une meilleure protection des arbres et notamment la prévention de la mouche du broue. Ce qui naturellement pour bénéfice de faire progresser le rendement sans intensifier pour autant, ce qui n’est pas notre volonté ».